Union monétaire : "les pays doivent fournir des efforts pour respecter les critères de convergence"

Dans le cadre de sa politique de communication et d’échange avec les journalistes avec les questions d’économie directement lié aux missions de la Banque Centrale, la Banque de la République du Burundi a organisé, en date du 13 juin 2018,  une séance d’échange avec les journalistes pour échanger sur les perspectives et enjeux de l’intégration du Burundi au sein de la Communauté Est Africaine.

Lors de l’ouverture de cette séance, Madame Annonciata SENDAZIRASA, 2ème Vice-Gouverneur de la BRB,  a indiqué que …« L’union monétaire ne se proclame pas, elle se prépare. Elle a en outre précisé que c’est quand les journalistes comprennent mieux qu’ils peuvent aider ceux qui les suivent à mieux comprendre ce qui se passe dans l’économie.  C’est pourquoi, en vue de permettre aux journalistes intéressés par les questions d’économie à traiter avec rigueur, prudence et qualité les sujets liés à l’intégration du Burundi au sein de la Communauté Est Africaine, la Banque a organisé cette séance à leur intention.  Au menu de cette rencontre figuraient, entre autres, le pas franchi, les défis et perspectives d’intégration du Burundi au sein de cette Communauté,  en se focalisant sur les affaires monétaires et les systèmes de paiement. et deux présentations ont été données à cet effet.

La première présentation qui se focalisait sur les affaires monétaires a été donnée par Monsieur Vénuste NDIKUMWENAYO, Directeur des études économiques et statistique a montré que l’intégration au sein de communauté Est Africaine repose sur quatre piliers qui constituent les  étapes  à franchir : l’union douanière, le marché commun, l’union monétaire et, enfin, la fédération politique.

A propos de l’union monétaire, M. NDIKUMWENAYO a informé que le protocole créant cette union (signé en Novembre 2013) fixe quatre critères de convergences dits de1er rang  qui sont un plafond du taux d’inflation de 8%, un plafond du déficit global de 3% du PIB, un plafond de la dette publique fixé à 50% du PIB et un minimum de réserves de change couvrant 4,5 mois d’importations. Il a rappelé que les pays doivent fournir des efforts pour les respecter au cours de la période de transition vers l’union monétaire envisagée en 2014, suivant le même protocole.

Au cours de cette journée, les journalistes ont aussi suivi une présentation sur le pas franchi dans le domaine des paiements. Selon Jean Bosco NDIKUMANA Conseiller de la Direction chargé des systèmes de paiement, le projet modernisation des systèmes de paiement a été initié en janvier 2010 à l’issue d’un programme d’évaluation du secteur financier du Burundi (Financial Sector Assessment Program : FSAP) effectué en février 2009. L’évaluation faisait plusieurs constats notamment que le système de paiement burundais était caractérisé par une faible bancarisation de la population; que le cadre juridique dans le domaine des moyens et systèmes de paiement était souvent insuffisant ou obsolète et que certains textes étaient en décalage avec la pratique; qu’il n’y avait pas de système monétique interbancaire opérationnel au Burundi, etc.

Ainsi, sur base de ces constats, il a été identifié et initié cinq actions prioritaires suivantes:

  • La mise en chantier d’un cadre juridique et des normes harmonisées aux recommandations de la Communauté Est Africaine et couvrant l’ensemble des activités de paiement ;
  • Le développement d’une infrastructure technique moderne pour le support des applications des systèmes de paiement;
  • La mise en place d’un système de compensation automatisé des paiements de détails (Automated Clearing House : ACH);
  • La mise en place d’un système de paiement par cartes pour assurer l’interopérabilité;
  • Le développement d’un système de paiement et de règlement en temps réel (Real Time Gross Settlement: RTGS).

Aujourd’hui, les systèmes de paiement et de règlement de détails (ACH) et de gros montants ou urgents en temps réel (RTGS) sont opérationnels depuis plus d’une année tandis que le système monétique interbancaire est dans la phase finale. Mais des défis existent. Selon le Conseiller de la Banque, ces défis sont entre autres le retard dans la mise en place, par les banques commerciales et la Régie Nationale des Postes, de certains prérequis indispensables pour un fonctionnement optimal des systèmes de paiement et de règlement, la longue procédure nécessaire pour la mise en place d’un cadre légal et règlementaire adéquat ainsi que l’exigence de haute disponibilité des services et spécifiquement la permanence et la stabilité de fourniture d’énergie et la connectivité internet qui constituent aussi des défis majeurs pour une bonne opérationnalisation de ces systèmes.

Une fois pleinement opérationnels, ces systèmes influenceront une forte croissance des services de paiement et de transfert instantanés, et notamment par téléphonie mobile dans le pays. En outre, ils permettront une interconnexion prochaine du système burundais de paiement de gros montants ou urgents en temps réel (RTGS) aux systèmes régionaux de l’EAC (EAPS) et du COMESA (REPSS). Grâce à ces systèmes, il sera prochainement possible que les cartes de paiement du Burundi intègrent les paiements et transferts d’argent par téléphonie mobile en associant les fournisseurs de tels services.

Ces rencontres d’échange ont été initiées en 2014.